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    Laure Cotrait, Le Maître de manège, Laure Liénard édition, 2017

     

    Résumé

    Roland Laborde atteint la quarantaine. Professeur d’équitation, il a réussi à monter un centre équestre dans les communs du château de Montfrault, en pays solognot où coutumes et superstitions perdurent. Ainsi, une animation de Noël est-elle prévue pour mettre en vedette le centre équestre et accroître sa clientèle. Un incident compromet le projet. Grâce à l’intervention de Florence Saumery, veuve alliée à la famille châtelaine, les choses s’arrangent et la performance des cavaliers a lieu. Flatté du geste, Roland la regarde différemment.

     

    Les châtelains ont fait confiance à son honnêteté d’autant que cette entreprise les arrange, les temps ont changé. Pour conserver, en 1966, ce domaine qui les flatte, ils louent aussi le logis historique pour le tournage de films.

    Alors que se clôt la période des fêtes, la perte d’un élément de valeur de son cheptel équin affecte Roland et laisse une place vacante, prétexte à une quête de longue haleine.

    L’élégance de Florence le fascine. Le fait qu’elle s’intéresse à ce qu’il fait, qu’elle semble l’admirer, et même le rechercher, ce milieu qu’il sait assez libre, tout attise son inclination.

    Pour la rapprocher de lui, il s’attache à faire reprendre l’équitation à Florence, qui y a renoncé depuis un dramatique accident de cheval. Celui qui la rendit veuve. Parce qu’elle se condamne à ne plus monter, on la plaint. Parce qu’elle ne veut jamais reparler de l’accident, on le tait devant elle, mais un certain climat se développe autour des non-dits. Secret de famille, les circonstances de ce malheur provoquent les insinuations de sa belle-sœur Aude.

    Au cours de l’hiver, Roland passe avec Florence des moments privilégiés. Les regards admiratifs de la jolie veuve quand il exerce et dresse ses bêtes, ne peuvent qu’enflammer Roland. Il hésite d’autant moins à désirer une aventure qu’il est de plus en plus épris. Marié et père de deux filles, il ne songe à rien d’autre. Il voit Florence belle, riche d’une partie d’un domaine devenu son terrain d’exercice par le manège, qui est la profession de son cœur, de sa vie.

    Avec succès le centre équestre diversifie ses activités. Dans cette expansion, le couple Laborde se complète. Les portraits colorés des chevaux laissent en arrière-plan et aussi estompés qu’ils le sont au regard de Roland les partenaires à pied, secondaires.

    À la suite d’une manœuvre bien imaginée, Roland atteint son premier objectif : Florence monte de nouveau à cheval. Mais la suite n’est pas celle qu’il attend, la cavalière lui échappe. La croyant attirée, mais retenue par sa pudeur, il se permet un abordage à la hussarde qu’elle repousse avec des paroles qu’il ressent blessantes. La déconvenue le pousse à s’obstiner. Il tient à élucider la mauvaise chute de cheval du mari, passant de sa version publique à la moins prudente. Sa compétence équestre le pousse à arracher d’autres aveux... mettant ainsi fin à la hantise de la coupable. Au cours d’une échappée en forêt où les prouesses hippiques se succèdent, les protagonistes se confrontent et s’accordent.

    Un autre drame va gommer l’histoire. Aude, la châtelaine, dont la vie conjugale se défaisait, est par étourderie – un raté de ses actes habituels, victime, avec ses enfants, d’un accident de voiture, alors qu’elle est affaiblie déjà par la maladie qui la foudroie.

     

    Cette tragédie effleure le maître de manège, en philosophe. Il touche au but de sa vie de cavalier, et à la fin de sa quête. Sur fond de réconciliation, l’aventure partagée est différente de ce qu’il envisageait : c’est une histoire d’amour des chevaux.

     Alors que Roland connaît cet accomplissement professionnel, il est permis au lecteur de saisir à demi-mot quels autres liens, avec l’avantage de l’antériorité, infléchissent désormais le cours de la vie de Florence.

     

    Personnages

    Personnage de Roland : marié par inclination, mais aussi par raison, il est fier de ses filles, ambivalent avec sa femme. Marié depuis dix ans, l’habitude fait qu’il la désire moins. Pour qu’il ait ce manège, il a fallu abandonner la ville. Sa femme ne peut donc plus gagner son propre argent. Comme ils ont deux fillettes, elle est obligée de compter, pour tout, ce qu’il supporte d’autant moins que c’est doublement sa faute, excellente raison pour lui en faire grief. Il n’est pas mal de sa personne.

    Personnage de Florence : son mariage avec Philippe Saumery, tragiquement dénoué, cachait une mésentente, peu apparente car chacun pour des raisons différentes sauvait les apparences. Elle adoptait une attitude de défi, défi concrétisé dans une amitié amoureuse (Daniel), et dans sa supériorité équestre. De l’accident survenu, non prémédité consciemment, elle est à la fois coupable et  soulagée. Personne ne courtise Florence, on respecte, et le malheur qui la toucha, et son attitude lointaine n’encourageant jamais les aventures. À la longue, cette vie conventionnelle l’ennuie, ce qui l’amène, sous le couvert de la fête de Noël, à faire revenir son cheval, et aussi à « séduire » le maître de manège, qu’elle estime non dangereux en raison de sa situation.

     

    L. C. 4/1/2018

     


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  • Le roman d'Oriane Jeancourt Galignani, Hadamar, Grasset, 2017, a été sélectionné pour le prix des lecteurs du Var.

    Il a eu mon suffrage.


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  • Les garçons de l'été, roman de Rébecca Lighieri, P O L, 2017, a été l'un des trois titres sélectionnés à l'automne 2017


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