• Mr Gwyn, d'Alessandro Baricco

    Le roman Mr Gwyn d'Alessandro Baricco est insolite, autant que Novecento, succès rayonnant beaucoup aimé, en pleurant tout le temps, ou presque. Au contraire, le jeu de Mr Gwyn amuse.

    Alessandro Baricco, Mr Gwyn : roman, (© 2011), trad. de l’italien par Lise Caillat, Gallimard, 2014.

    Roman d’atmosphère ? Jasper Gwyn, écrivain de quarante ans à Londres, publie qu’il cesse d’écrire. Puis il décide de devenir « copiste » en proposant de rédiger les portraits de modèles qui le demanderont. Premier essai dans un atelier avec Rebecca, l’employée de son agent littéraire. Nue, grosse, elle paraît une référence aux Vénus allégo­riques (je pense Titien, Rubens) quand les femmes maigres sont laides à la plage.

    De la mimésis, du copiste, sans portrait littéraire classique

    P. 103, le mot « la psychanalyse » survient. En imaginant la métaphore de la cure où la patiente sur le divan se met à nu, pendant que l’analyste assis muet dans l’ombre se tait, c’est humoristique.

    P. 105, « Je suis persuadée que je devrais dire quelque chose... » dit Rebecca en quittant Gwyn lors de la fin prévue, à l’extinc­tion de la dernière ampoule.

    Le portrait rédigé est ensuite lu au parc, sans être révélé au lecteur. « à la fin, j’aurais attendu que vous me preniez dans vos bras » dit-elle au copiste (p. 120), expli­quant que le client futur « cherchera un moyen de vous toucher » (p. 121).

    Secret d'émotion

    Un chapitre dramatique peut émouvoir son lecteur. L’écrivain fait un portrait de son ami agent littéraire mourant à l’hôpital. Il s’agit du 4e portrait, le 5e est celui d’un jeune peintre,... Le onzième « une jeune fille – et ce fut la grande erreur. » (p. 139)

    Le dénouement révèle ensuite d’autres publica­tions sous pseudonyme de l’ex-auteur, et passe du concret à l’abstrait. Le moment jubilatoire advient parce qu’un portrait rédigé est, paraît-il, une scène – un paysage : je pense Arcimboldo.

     Après quoi j’ai lu Trois fois dès l’aube, (2012, trad. Gallimard 2015) puisque le titre a été donné dans le texte. Là, le dénouement de la 3e histoire (pp. 115-121) est totalement émouvant.

    J’ajoute : vu au théâtre dans la foulée Le portrait de Dorian Gray adapté d’Oscar Wilde.

    Laure Cotrait, 5 avril 2019


  • Commentaires

    1
    Agnès
    Vendredi 19 Avril 2019 à 18:03

    Perso : je retiens qu'il faut lire Novecento d'Alessandro Barrico, succès rayonnant. Avant de partir découvrir Naples et la côte amalfitaine, ou après ? Peut-être que "pendant" serait la réponse la plus appropriée ... ?

     

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