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Les trois coups
Le cinéma frappe trois fois d’une façon toute neuve
Le poirier Sauvage, film de Nuri Bilge Ceylan
L’été dernier, le film Le poirier Sauvage, du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, sortit en salle : comparable à des romans d’apprentissage « ceux de Tolstoï ou de Stendhal », dit le précis article de Télérama (signé Pierre Murat) qui m’incita à le découvrir.
Beau long film dans la chaude lumière de Turquie, bravo. Ressenti d’une autre façon que le critique. Le héros, Sinan, n’a pas cet atout majeur : le charme.
Rien que pour ces trois-là
Les trois coups de génie cinématographiques sont visuels, car il y en a trois : des chocs qu’amène en virtuose la caméra. Premier saisissement : elle fait découvrir un père mort sous le grand arbre – ce que le héros a cru voir. Le second : elle bascule comme l’éclair vers un pendu dans le puits (ô psychanalyse !) noir, illusion à couper le souffle. Le troisième : elle abandonne un bébé aux fourmis, suspendu dans le balancement entre sommeil, mort et vie, ahurissant. Pour montrer des visions imaginaires, c’est une réussite.
Quand le héros ne séduira ni ne plaira
Bonne stature, traits réguliers, l’interprète confère au personnage une forte présence. Je fus émue en raison de son peu de grâce – sa silhouette lente remplit l’écran –, qui entraîne un détachement. Je comprenais que la jeune fille laisse tomber après un baiser de consolation.
En prenant sa propre mesure au sortir de la fac, Sinan accuse les désolants débouchés. Dépité, il devient sot en dénigrant les qualités relationnelles d’autres personnes, écrivain, il attend le succès. Le résultat est prévisible : les caisses de ses livres à la cave ont moisi. La vraisemblance de cela est un moment ironique fort.
L. C., le 13/10/2018
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Commentaires
1Cotrait LaurentDimanche 21 Octobre 2018 à 14:08Impressionnant la pâture aux fourmis !Répondre
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