Une cétoine dorée fait la morte, les scarabées ressuscitent depuis la nuit des temps

Echo de l'atelier Au fil de la plume - après lecture de Richard Wagamese, Les étoiles s'éteignent à l'aube, traduit de l'anglais, Editions Zoé, 2016

le scarabée vert

 La cuisine était aérée par la croisée ouverte devant le laurier rose en fleurs. Le scarabée avait pénétré, était tombé sur une tomette dans le rayon de soleil, avait remué ses pattes un instant, puis le frémissement avait cessé. Magali qui venait de poser un verre émettant un petit toc sur l’évier de pierre beige, s’accroupit pour l’observer. Une cétoine. Qui ne remuait plus. C’était le plus beau cabochon précieux qu’elle ait jamais vu, sa carapace d’un vert bronze poli, au contour arrondi régulièrement, effleuré de lumière dorée. Un « hanneton des roses ».

Elle le prit au creux de sa main, du doigt le retourna sur le dos, il aurait dû agiter les pattes pour se retourner d’aplomb et s’enfuir, mais rien. Il ne bougeait plus. Momie, bijou léger, mort soudain. Refermant les doigts, Magali hésita à jeter une telle merveille dans la poubelle. Alors elle tendit le bras au dehors, desserra le poing en pensant qu’un cadavre de scarabée serait mieux sous le feuillage parfumé de l’arbuste qui embaumait. Et l’insecte s’envola.

 Laure Cotrait, 5 février 2019